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Vendredi 25 avril 2025

A l’aube, Saint-Paul est là, dans le soleil naissant. La lumière est magnifique et le temps reste clément et ensoleillé toute la journée.

Pour ceux qui ne connaissent pas cette île mythique, Saint-Paul est une île volcanique de 7 km² culminant à 268 m et dont le flanc nord-est du cratère s’est effondré, créant un lac intérieur aux berges très étroites. La passe communiquant avec la haute mer est très peu profonde et dangereuse.

Les escales à Saint-Paul  sont rares et toutes justifiées par des motifs scientifiques, de suivi des milieux naturels ou de vérification des quelques installations à terre. En effet, Saint-Paul est classée réserve naturelle intégrale.

L’escale de ce jour va permettre des interventions ou des vérifications sur les programmes scientifiques de sismologie et de magnétisme terrestre, de nivellement de la mer, ainsi que de comptage des otaries. 9 personnes de l’IPEV sont débarqués à terre par le « workboat » du Marion.

Vue panoramique de Saint-Paul  (photo Y. Verdenal)

 

Le workboat du Marion (photo Y. Verdenal)

 

Vue de la Roche Quille, sur lequel le prion de Mac Gillivray (petit pétrel nichant dans le sol) avait trouvé refuge et a pu recoloniser l’île Saint-Paul après l’éradication des rats et des lapins vers 1997. (photo Y. Verdenal)

 

Vue de l’intérieur du cratère (photo Tanguy Garmond)

 

Le temps de l’escale, les personnels en provenance de Crozet et de Kerguelen qui ont aidé au redémarrage de la base d’Amsterdam sont tous invités à faire un tour du lac intérieur en workboat, sans débarquement, en remerciement de leur travail précieux. Tous reviennent émerveillés.

 

Le Marion devant Saint-Paul (photo Maxime Bes de Berc)

 

Saint-Paul, vue par beau temps, ne nous fait pas oublier son riche et dramatique passé. Depuis environ 1780, l’île a été très souvent occupée, d’abord par des chasseurs d’otaries. Remémorons nous les mémoires du capitaine breton Pierre-François Péron (récemment rééditées, tombées dans le domaine public, l’édition originale de 1824 est également disponible sur internet) qui est resté 40 mois sur l’île entre 1792 et 1795, alors qu’il avait reçu promesse d’une relève au bout de 15 mois. En compagnie de 4 hommes avec lesquels la cohabitation sera difficile, ils chassent l’ « otarie à fourrure ». Œuvre d’un homme cultivé, ses mémoires sont passionnantes.

Suivent ensuite, environ à partir de 1820, une fréquentation quasi annuelle par des pêcheurs venus de l’île Bourbon (dénommée île de la Réunion à partir de 1848), jusqu’à environ 1914. Beaucoup trouveront la mort en franchissant la dangereuse passe avec des barcasses de pêche. Un récent travail d’archives mené par Vincent Monnoir pour la période de 1899 à 1907 (cf. revue australe et polaire n° 95 éditée par l’AMAEPF) permet d’en ressortir certains de l’oubli.

Fin 1928, une conserverie de langoustes est installée à l’initiative des frères Bossière. Elle emploie 20 à 30 bretons et près d’une centaine de malgaches. La production est prometteuse, et l’usine est mis en hivernage avec un groupe de gardiens en 1929, puis 1930.  Mais le second hivernage, relevé avec retard et sans moyens radio fonctionnels, sera dramatique. Quatre gardiens bretons mourront ainsi qu’un nourrisson.

En 1931, la production reprend après l’hivernage dramatique, mais en mars 1931 se déclare une épidémie de béri-béri parmi le personnel malgache (dû à un changement de régime alimentaire entrainant une carence en vitamine B1), qui emportera 32 malgaches à Saint-Paul ou sur le bateau du retour. Ce second évènement dramatique sonna définitivement le glas de l’usine.

Depuis, l’île Saint-Paul et ses otaries redevenues omniprésentes sur son rivage, ont retrouvé leur quiétude, mais tous ces drames hantent les jours de tempête.

 

Yannick VERDENAL.

 

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