Lundi 7 avril.
Déjà une semaine que nous naviguons. C’est fou comme le temps passe vite à bord, rythmé par les services de repas, les réunions sécurité, biosécurité, biodiversité, les conférences, les séances philatéliques, les discussions informelles, les parties de cartes au bar, et la contemplation, que ce soit à la passerelle ou sur les ponts ! Sur le Marion, il n’y a pas de barrière entre les gens, tout le monde échange avec tout le monde, quel que soit son origine, y compris avec l’équipage. Quel plaisir !
Depuis dimanche, la houle est plus forte, le Marion tangue sérieusement, obligeant certains à avoir recours au médecin du bord.
La convergence sub antarctique a été franchie dans la nuit. En 24 h de navigation vers le sud, soit environ 600 km, on a perdu 10 degrés de température de l’eau, qui est ce matin proche de 10°C. Cette convergence vient marquer l’entrée dans l’océan austral. L’aspect de l’océan est plus gris, et les oiseaux plus présents, au premier rang desquels les albatros, tant rêvés, imaginés. Des creux de 4,5 m font tanguer le Marion de façon déjà impressionnante, provoquant quelques maladresses ou glissades au restaurant, des démarches hésitantes et des ouvertures de portes intempestives.
La biosécurité de mes affaires est faite. Cela consiste à aspirer toutes les graines susceptibles de se trouver sur nos chaussures, vêtements et autre sacs que nous allons prendre en escale. C’est un élément essentiel de la limitation des espèces exotiques envahissantes, j’en reparlerai plus tard. Décollage prévu en mi-journée pour rejoindre en hélico l’île de la Possession et la base Alfred Faure, du nom du premier chef de mission en 1961-62. J’ai beaucoup de chance car il y a 28 ans, « en route » pour mon hivernage sur l’île Amsterdam, je n’avais pas pu descendre à Crozet. C’est l’effervescence dans ma tête !
Yannick VERDENAL.
(Photo : Y. VERDENAL)