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L’archipel de Crozet est formé de deux groupes d’îles volcaniques, distants d’une centaine de km. Le groupe oriental comporte deux grandes îles : l’île de la Possession (150 km²), seule à être occupée de façon permanente depuis les années 1960, et la mythique île de l’Est (130 km², en totalité en réserve intégrale). Cet archipel abrite la population d’oiseaux marins la plus forte au monde ! On estime à 25 millions le nombre d’oiseaux marins venant s’y reproduire (principalement des manchots royaux et 7 espèces d’albatros).

Lundi 7 avril, midi, arrivé devant l’île de la Possession, le Marion Dufresne doit se déplacer en Baie Américaine, car la houle forte en baie du Marin, devant la base Alfred Faure, ne permet pas à l’hélico, qui doit déjà affronter un vent soutenu, de décoller. Les manchots royaux sont nombreux à marsouiner devant le Marion.

manchots royaux qui marsouinent

Vol magique de 3 minutes sous un soleil venteux, au-dessus d’une grande falaise et du plateau Jeannel jusqu’à la base, où la magie se poursuit. Musique, café, déguisements, bonne humeur, super accueil ! les « visiteurs » et nouveaux arrivants découvrent la base, guidés par les habitants du moment.

survol vers la base Alfred Faure

accueil joyeux par la 62ème

On prend connaissance des règles de visite des milieux naturels à proximité de la base, notamment nécessité de prendre une radio et d’annoncer sa destination. Pour la baie du Marin et sa manchotière, en contrebas de la base, l’approche est possible jusqu’à une certaine limite, fixée en raison de l’épidémie de grippe aviaire. Des arrêtés préfectoraux ont été pris pour y réglementer la présence humaine depuis la confirmation des contaminations en baie du Marin. Plusieurs visiteurs peuvent s’approcher, accompagnés, jusqu’à l’amont de la zone où les équipements de protection individuelle sont obligatoires. On se partage les photos.

vers la baie du Marin (photo Xavier de Martin de Viviés)

manchots royaux de la colonie de la baie du Marin (photo Xavier de Martin de Viviés)

L’hélico enchaine les « slings » (livraisons des caisses et autres matériaux de construction), et nous sommes nombreux à donner un coup de main au dépotage de la nourriture, une grande chaine joyeuse remplit l’épicerie et les chambres froides.

Soirée à la « vie comm » (vie commune), où un repas digne des grandes tables nous attend. Après le brief de Yann, chef de district (Discro), je prends la parole pour présente l’amicale et ses publications aux hivernants de CRO, et remettre en cadeau les tomes 1 et 2 de « mémoires à plusieurs voix », recueil de petites histoires et aventures vécues dans la grande histoire des TAAF. On est en train de préparer le tome 5 qui devrait être disponible pour les 50 ans de l’amicale l’année prochaine. La soirée joyeuse se prolonge pour certains tard dans la nuit.

Mardi matin, après 2 heures à La Résidence (le bâtiment du Discro) pour consulter des archives de la base, en vue de « peaufiner » l’annuaire historique des missions de 1950 à 2000 (autre projet de l’amicale), je descends avec un autre Yann à Bollard, un lieu-dit dominant la baie du Marin, dans une zone de végétation fragile où le chemin est équipé de caillebotis. On observe, à bonne distance, nos premiers albatros au nid. En contrebas, la manchotière de la baie du Marin se fait entendre entre deux rafales de vent.

albatros (photo Xavier de Martin de Viviés)

Passage rapide au nouveau musée de Crozet, initié en 2018 par la 55ème mission (« Cro-nic d’une île » !) : géologie, faune, flore, historique de la création de la base météorologique, cartographie, découverte … belle initiative qui a fait l’objet en 2024 d’une réorganisation pour le 60ème anniversaire de l’occupation permanente de Crozet.

Après un nouveau repas de roi, nous sommes une bonne dizaine à partir à l’assaut du mont Branca, 383 m dans les scories volcaniques. Le vent nous brasse fort. Certains jouent avec sa puissance dépassant largement 100 km/h. Paysage minéral grandiose, parsemé de touches vertes, des azorelles, comme des mousses dont la croissance est très lente et qu’il ne faut pas piétiner. On ne tarde pas trop à retourner sur base pour ne pas rater l’hélico de retour, dont l’horaire peut changer en fonction de l’évolution de la météo.

Moment suspendu au Mont Branca

Retour pour moi sur le Marion après 28 heures intenses sur Crozet et un super accueil. L’escale se prolonge jusqu’au lendemain mercredi.

La mission 62 est actuellement constituée de 28 personnes. Cette escale a été l’occasion de relever l’équipe cuisine et l’équipe INFRA (infrastructures). Les programmes de différents laboratoires de recherche, appuyés logistiquement par l’Institut Polaire Français Paul Emile Victor, portent sur l’étude des populations d’oiseaux et mammifères marins, le nivellement de la mer, les ondes sismiques, le magnétisme terrestre, et une station Doris pour le CNES. Certains ont nécessité une maintenance importante lors de l’escale. Au retour sur le Marion de certains agents, les traits sont tirés, non pour cause de fête tardive, mais de « manip » bouclée à 2h du matin. Des sites isolés ont également été ralliés par hélicoptère (Pointe Basse, baie de Lapérouse).

Les relevés météos, raison d’être initiale de la base Alfred Faure, se poursuivent avec une station automatique.

La gestion des espaces naturels est exercée par les agents de la réserve naturelle. Une partie des activités des biologistes a été réorientée pour le suivi de l’épizootie en cours (grippe aviaire).

On quitte la Baie du Marin mercredi 9 avril au soir, cap à l’Est vers Kerguelen. On longe au large l’île de l’Est, qui restera encore plus mystérieuse dans la nuit nuageuse. A l’arrière, 2 points rouge et un point vert clignotant, l’île de la Possession s’estompe et disparait. Retour du roulis à bord.

Yannick VERDENAL.

(Photo : Y. VERDENAL)

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